En 1927, Charles Lindbergh effectue la premiè re traversé e de l'Atlantique en solitaire. L'exploit n'est pas ré é dité jusqu'en 1932, où c'est une aviatrice, l'Amé ricaine Amelia Earhart, qui franchit l'océ an à son tour. Elle devient une star internationale. Frondeuse, é lé gante et dé contracté e, Amelia ne cessera d'aligner les records, malgré certaines carences techniques. Sa soir de liberté et sa dé termination emportent tout - il en faut pour voler à bord des fragiles carlingues à ciel ouvert de l'é poque. Quand un journaliste l'interroge: ' Pourquoi volez-vous ? ', elle ré pond, invariablement: ' For the fun of it. ' Pour le plaisir, pour l'amusement. Trois ans aprè s l'Atlantique, elle traverse le Pacifique. Entre temps elle aura é pousé l'é diteur George Putnam, son manager et agent, volontiers manipulateur mais à qui elle imposera un contrat de mariage lui garantissant une totale indé pendance. Promoteur audacieux, il fera d'elle une icô ne de la femme moderne dans l'Amé rique de Roosevelt. En 1937, à court de nouveaux exploits, celle qu'on surnomme ' Lady Lindy ' - en raison de son é trange ressemblance physique avec Lindbergh - entreprend un tour du monde. Elle a quarante ans. Ce sera son dernier vol: elle disparaî t en mer alors qu'elle est sur le point de le boucler. Les moyens engagé s par Roosevelt pour sauver l'aviatrice sont exceptionnels: 3000 hommes, 66 avions, 9 navires et 4 millions de dollars. On ne retrouvera pas trace de l'appareil. Aujourd'hui, le mystè re reste entier, les hypothè ses abondent qui continuent d'alimenter la lé gende: on l'a vue espionne, abattue en vol ou capturé e par les Japonais, mais aussi robinsonne sur un î lot du Pacifique. . . Et quand Apple lance sa campagne ' Think different ', elle figure aux cô té s de Gandhi, d'Einstein, ou de Miles Davis. Le portrait vif et tendre d'une hé roï ne comme on n'en fait plus.