"En 1755, Voltaire retiré « au pied des Alpes, et vis-à-vis des neiges éternelles », offrait à monseigneur le maréchal duc de Richelieu son nouvel ouvrage, l Orphelin de la Chine, et après les compliments d usage expliquait son dessein : « L idée de cette tragédie me vint, il y a quelque temps, à la lecture de l Orphelin de Tchao, tragédie chinoise, traduite par le P. Prémare, qüon trouve dans le recueil que le P. du Halde a donné au public ».
Sans rechercher le patronage d un si grand seigneur, le livre qui paraît aujourd hui simplement se présente à qui garde encore en des temps si troublés le goût de la lecture, la force de penser ; le village du Jura qui abrite mes travaux ne contemple que de fort loin les neiges du Mont-Blanc, et je ne suis pas Voltaire, mais crois avoir autant que lui le droit de chercher mes héros hors de l antiquité classique ou de l Europe qui se dit chrétienne, et suivant son exemple de prendre avec les auteurs de la Chine ou de l Inde, dans la mesure de mes moyens, les libertés que s est permises Corneille à l égard de Guilhen de Castro, Racine avec Euripide et Sénèque, et Goethe aux dépens de Marlowe."