La voix de la grand-mère Saara cristallise les sons et vibrations d une enfance faite d apprentissage. C était un apprentissage inconscient mais dynamique. Cette grand-mère si spéciale et si ordinaire en même temps demeure le prétexte idéal pour revisiter un monde d antan, qui laissait l humanité s exprimer de manière prévisible et conventionnelle. Saint-Louis, « Ndar Guedj », était le plateau originel de la vie d un homme qui y passa une enfance faite de péripéties, et où l innocence du premier âge n empêchait point de défier la vie et les normes. La ville tricentenaire offrait ainsi un environnement où les aînés jouaient les balises à travers les navétanes et l invitation aux jeunes à l excellence académique, se prévalant légitimement d une autorité sociale indéniable. Les aînés étaient présents pour le meilleur et pour le pire, à l image des vagues de l Atlantique qui à l époque, étaient plus un théâtre de délices que de sévices. Saara n est pas seulement la tendre grand-mère d Abdassis, elle représente surtout cette figure reconnaissable par une majorité de Sénégalais, dont la présence rappelle cette étape initiatique de l existence.