Il n'y a guè re plus de deux siè cles qu'en s'intitulant La Socié té fé odale, un livre peut espé rer donner par avance une idé e de son contenu. Non que l'adjectif, en lui-mê me, ne soit fort ancien. Sous son vê tement latin - feodalis -, il date du moyen â ge. Plus ré cent, le substantif fé odalité n'en remonte pas moins au XVIIe siè cle, au plus tard. Mais l'un et l'autre mot conservè rent longtemps une valeur é troitement juridique. Le fief é tant, comme on le verra, un mode de possession des biens ré els, on entendait par fé odal ce qui concerne le fief - ainsi s'exprimait l'Acadé mie -, par fé odalité tantô t la qualité de fief , tantô t les charges propres à cette tenure. C'é taient, dit, en 1630, le lexicographe Richelet, des termes de Palais . Non d'histoire. Quand s'avisa-t-on d'en grandir le sens jusqu'à les employer à dé signer un é tat de civilisation ? Gouvernement fé odal et fé odalité figurent, avec cette acception, dans les Lettres Historiques sur les Parlemens, qui parurent en 1727, cinq ans aprè s la mort de leur auteur, le comte de Boulainvilliers. . .