Histoire d'une ''fille'' bien étrange qui ne voit le monde qu'au travers des yeux de sa mère et celle de la fenêtre de sa chambre. Mais est-elle réellement comme tout le monde ?
Je ne crois pas vraiment au miracle. A vrai dire, je ne pouvais pas croire à grand-chose. J'écoutais uniquement maman me mettant en garde contre les autres. Je les voyais tous les jours de ma fenêtre. Il m'était impossible de les rejoindre, ni de m'empêcher de les regarder. Isolée, j'étais condamnée à y rester. Mais j'étais bien, parce que nous étions toutes les deux ensembles. Nous le resterons toujours, elle me l'assure chaque jour.
Enfin ça, c'était avant qu'il emménage dans la maison d'en face. Ryan n'avait rien d'extraordinaire à première vue. Mais le reste du monde m'a tout de suite paru insignifiant et monotone en comparaison à son existence. Il est le seul que je vois aussi clairement. Il ne peut représenter le danger dont maman m'a tant parlé. Son arrivée a mystérieusement apporté avec lui ma mobilité, celle de mon corps. Je me mets à bouger tout comme eux. Mon rêve de danseuse deviendrait-il réalité ? Par qui ce don, qui m'a été refusé dès ma naissance, m'a subitement été attribué et pourquoi ? Pour combien de temps vais-je encore me contrôler ? Maman ne doit pas savoir. Je la connais, elle n'accepterait pas mon autonomie conduisant irrémédiablement à ma liberté. Il y a certainement une raison à ce nouveau phénomène dont j'ai été la spectatrice de si nombreuses fois. Je suis peut-être spéciale comme me l'a souvent déclaré maman. Pour elle, il ne pouvait en être autrement. Mais maintenant, j'y crois ; le destin me mettra sur la voie.
Cette nuit, je pourrais discrètement quitter ma chambre. Je pourrais me mettre face au miroir et enfin me voir. Je pourrais également sortir dehors. Pendant qu'ils dorment tous, je pourrais scruter les étoiles dans le ciel. Je pourrais traverser le jardin, puis la ruelle qu'ils ont tous foulé. Et aussi, je pourrais rejoindre Ryan de l'autre côté, me tenir là où je l'ai vu se tenir si souvent. Une fois, je pourrais peut-être même le rencontrer. . . à moins que nous ayons un chemin différent tout tracé.
