Cô té pile, les insultes sont ré puté es injustes et blessantes. Cô té face, on les dit futiles et indignes d'attention. Elles semblent incarner les petitesses du dé bat politique. Elles mé ritent pourtant mieux que l'irritation, le sourire ou le mé pris. Que l'on choisisse simplement d'en é tudier une de prè s et l'enquê te, palpitante, commence. Car la parole mordante ne se laisse pas cerner si facilement. Elle ne se ré vè le dans toute sa profondeur que si l'on prend le temps de dé cortiquer les mots incriminé s, d'identifier les auteurs, victimes et té moins, de mettre les principaux enjeux en lumiè re, de dé crypter le dé ploiement des consé quences immé diates ou lointaines. Au-delà de leur impact immé diat, ' menteur ', ' ruraux ', ' vous ê tes du Syndicat ', ' chiens couchants ' ou ' repré sentants du peuple entre guillemets ' exigent - bien davantage que le trè s pauvre ' Cass'toi alors, pauv'con ' de Nicolas Sarkozy - un patient dé codage. Noms d'oiseaux est l'é tude suivie d'une douzaine de ces situations d'insultes extraites de l'histoire franç aise, au fil de deux siè cles de parlementarisme. On y croise, au gré des chapitres, des groupes d'ultraroyalistes, de boulangistes ou de communistes en colè re, mais aussi Honoré Daumier à sa table de travail, Michel Goudchaux en pleine dé confiture, Victor Hugo à l'assaut de ' Napolé on le Petit ', Georges Clemenceau l'é pé e au poing, Jean Jaurè s frappé à la nuque, Lé on Blum ou Simone Veil estomaqué s par l'abjection de ce qu'ils viennent d'entendre, Dominique de Villepin les deux index pointé s contre Franç ois Hollande. Par la petite porte, les insultes permettent de s'installer au coeur des dé bats d'hé micycle, de la Restauration à nos jours, en passant par l'Affaire Dreyfus, le Front populaire ou encore la Guerre froide.