En 1885, Elizabeth Cady Stanton affirmait que "l'histoire montre que la dégradation morale de la femme est davantage due aux superstitions théologiques qu'à toutes les autres influences réunies". Stanton est passée de la superstition religieuse à des idées rationnelles fondées sur des faits scientifiques. Tout au long de sa vie, elle a cherché en vain une religion dans laquelle les hommes et les femmes seraient considérés comme égaux. En vieillissant, elle est devenue plus radicale dans son opposition à la religion organisée. À l'approche de ses 80 ans, elle lance un projet de réinterprétation et de critique des textes bibliques, en recrutant un petit comité de femmes pour l'assister. Le premier volume de La Bible des femmes est publié en 1895 et reçoit un accueil plutôt hostile. De nombreux membres du mouvement pour le droit de vote des femmes ont réagi négativement à l'ouvrage, craignant qu'il ne diminue le nombre de leurs partisans. Malgré la controverse, le livre est devenu un best-seller. Les critiques cinglantes comme celles de Stanton et les réflexions reconstructives comme celles d'Irigaray ont caractérisé la philosophie féministe de la religion par un ensemble complexe de relations.
